Attends-moi de l'autre côté de l'univers

Attends-moi de l’autre côté de l’univers

 

I.

 

 

 

 

L’ancien monde s’écroule sur mes épaules molles… Je perçois ce fracas d’une oreille engourdie. Les yeux plissés sous cette avalanche de poussières enflammées, à quatre pattes, mes doigts s’enfoncent dans le béton. Tout change de forme, le sol ondule. La roche éclate à mon contact et se fait sable, strates, limon…

On me veut ensevelie sous six pieds de misère ; on me veut écrasée par un silence sans nom. Mais l’éboulis s’effrite car je respire encore. Et s’il faut que j’imprègne mes veines de cendres chaudes, s’il me faut respirer le deuil de l’enfant-roi ; je chercherais au fond de mon cerveau binaire les restes du brasier et je m’en nourrirais. Et si je dois tracer en mon âme des frontières entre mes raisons d’être et mes rêves égoïstes, je le ferais sans gloire, derrière des portes closes.

 

S’ébrouer…

 

Regarder le soleil, l’œil à nu, loin du masque. Se remplir les poumons de cet air dioxyde, et le cœur de limaille et de tessons de verre. Balayer les rivages et les limites humaines et puis se relever… Se relever.

La ligne d’arrivée comme un mirage que je renie, ici plus rien ne compte que les actes. Plus rien ne résonne en ces mots que je croyais avoir domptés. Il faut parler un autre monde et voir ailleurs que les contours. Réinventer une espèce puisque j’ignore tout de la tienne. Comme un ersatz de miracle, je prends des notes sur ton absence. Et pendant que tu t’égares entre les hommes qui crient, je décalque les traits de ton profil qui s’évapore. Tu parles avec les anges en oubliant ta bouche alors que mes attentes s’époumonent au cul de basse fosse où tu m’as oubliée. Tu n’as de cesse de m’échapper, et il ne me reste plus que ça, ce filament entre nos ombres. Mais je m’accroche, je m’entête. Je suis mon sang en cavale dans tes veines. Je poursuis ce fantôme qui retient mon enfance. Puisqu’au détour d’un mot, ce monde a disparu, je réapprends ici l’autre réalité. Au prix d’une disparition, après le choc verbal d’une renaissance clinique, je vais pénétrer ton univers sans attendre d’invitation. Passagère clandestine avide de t’apprendre, j’arpente les coursives, le cœur exorbité…

 

Je cherche à te trouver…



25/07/2009
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