IL

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Je le sais, je l’entends, je le sens. Il est là à côté. Il joue, il dort, il regarde en l’air, il s’ennuie ; je ne sais pas vraiment ce qu’il fait mais je suis là et lui aussi. Même quand mon corps me fait mal de m’être agitée dans le vent toute la journée, ce qui me reste d’énergie est là pour lui. Focalisée sur lui, son souffle –celui de la bouche et celui du nez qui ne doit pas être encombré-, son teint rose, son calme ou son excitation, je perçois tout. Même au cœur d’une foule, au fond d’un bus, ou en pleine rue. Sans même y penser, je reconnais tout geste inhabituel, j’anticipe sa soif, sa faim ou sa fatigue. Je sais traduire ses cris de la colère à la douleur. Et ces derniers me vrillent l’âme ! Je peux pressentir ses angoisses, je sais interpréter ses regards. Je sais quand il attend mes murmures ou mes avertissements, mes réprimandes ou mes chansons. C’est au-delà de l’amour, au-delà de l’instinct. Comme une projection magique de mes sens vers les siens, un partage secret et intuitif d’émotion. En grandissant l’échange se marque en état de vases communicants, passant alternativement de l’équilibre au trop plein. Et je continue à être l’ombre de sa vie, la trace qui le précède jusqu’aux limites de ses choix intimes. Les filaments de mes regards avides se déroulent à l’infini, de ses pas à mes cheminements silencieux. Je hante, je guette, je meurs à petits feux…De savoir qu’inexorablement, je lui apprends à me quitter…



18/07/2008
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