Nilo/Rivent

De la poésie à peindre...

 

Les saisons de ton absence


Je te dirai les soirs d'été
Sur la plage, quand la mer glisse,
Et les minuits de mi-juillet
Aux étincelles d'artifices.

Je te dirai les équinoxes
Aux noirs septembre se couchant.
Début d'automne paradoxe
De la marée et puis du vent.

Je te dirai tous les Noëls
De crèche tendre en sapins verts,
Tous ces décembre qui rappellent
Les matins blancs de nos hivers.

Je te dirai les courses folles,
Après les filles, après les chiens.
Les mois d'avril de pas d'école
De mes congés de collégien.

Je te dirai dans le levant,
A la lueur des aubes grises,
Les mots que me dira le vent,
Ceux de mes leçons mal apprises.

Je te dirai, quand tu viendras,
Les souvenirs de ton enfance,
Les traces où tu mettais tes pas,
Et les saisons de ton absence.

../..

 

Mais le feu est éteint au lac de tes yeux pourpres


Et les lunes s'éclipsent
Aux anneaux de Saturne
Quand le temps s'effiloche
Aux chandelles gourmandes.

Et les astres rougissent
A l'horizon de Mars
Dans le vent qui s'enrhume
Aux bises passagères
De ces arbres blanchis
Des rigueurs de l'hiver.

Et les larmes givrées
Aux rides silicone
Des matins gris qui glissent
En aubes délétères
Se perdent aux sillons
Gravés sur les visages
Des passants répandus
Dans les ombres blafardes.

C'est un soir oublié
Au bar vide d'hôtesses
Quand le champagne tiède
Des étés liquoreux
Fond la glace posée
Aux cols blancs des carafes.

C'est l'heure de l'ennui
Aux terrasses livides
Epanchant sous la Lune
Les soupirs sérénade
Des nuits de satin blanc
Dans les rêves noircis
De Hell's Angels zélés
Partant à la poursuite
Des femmes de L.A.

Mais le feu est éteint
Au lac des ses yeux pourpres
Profond comme l'abîme
Où s'égarent ses mots
Avant que ne se noient
Dans des draps de soie noire
Les oublis transparents
Qui l'agitaient parfois
Dans un hôtel glacé
Isolé très au nord
De la Californie.

Il n'a rien oublié.
Ni sa mémoire éteinte,
Ni la mer en allée.

 

../..

 

Elle a les yeux de ceux dont les mots se sont tus


Si j'en avais le droit je vous parlerais d'Elle,
De ses yeux qui vous fixent en brillant sous le fard,
Dans le regard jeté dessous les cheveux noirs
Quand elle approche en glissant au bout du comptoir
Vers celui qui l'attend en lisant Eluard
Et lui dit doucement "Mon Dieu que tu es belle".

Elle dit si souvent le fond de ses passions
Dans les mots de récits qui sont ceux de la peine
Dans nos longs entretiens aux multiples arcanes
Sur le fond musical que lancine Dylan
Quand highway sixty-one enroule à perdre haleine
Tous les rêves perdus de sa génération.

Elle tait des sanglots que ne tuent pas les ans
En séchant de son ongle un coin de peau humide
Où passe un souvenir d'une fin de mois d'août
Qui l'a faite grandir au prix de tant de doutes,
Plus vite que prévu, dans ce monde insipide
En recherchant le goût de ses "mistral gagnant".

Elle a les yeux de ceux dont les mots se sont tus
Un matin de tristesse au sortir de l'enfance,
Quand la mer en montant écroula le château
Emportant avec elle et la pelle et le seau,
Noyant ses rêves fous accrochés au silence
Au fond de l'océan de ses espoirs déçus.

Il lui reste l'amour pour se faire une vie.
Elle espère toujours toucher l'inaccessible,
Allumer le flambeau qui éteindra ses peurs
Et viendra lui donner la force des vainqueurs
Qu'elle cherche sans fin dans les mots de la Bible
Ou ceux plus mystérieux des traités d'Alchimie.


Nilo.


 

 



25/04/2008
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