Un diesel s'il vous plaît !
Un diesel s'il vous plaît !
Du fond de ma tasse de café,
Du bord sale de ce cendrier,
Je regarde passer mon enfance
Et moisir mon adolescence…
Il y a ce tabouret trop haut pour moi,
Ces vittel-pêche, ces chocolats…
Ces drôles de copains de papa
Qui avaient l'alcool dans la voix.
Ça sentait l'œuf dur et l'anis,
Ça fumait des gitanes maïs,
Ça crachait gras sur la police !
Et ça rêvait de belles en cuisses…
Les mains grises cognant sur le zinc,
Les « tête de con ! », les « baltringue ! »…
Les cabines qui cachaient des flingues,
Et les gammas dans les seringues.
Les anecdotes, les histoires,
Assez énormes pour y croire ;
Remorque braquée dans la Loire,
Evaporée dans le brouillard…
Et l'auto-stoppeuse mythique,
Bardot aux attraits atomiques.
Toujours radieuse et sympathique,
En mal de leçons érotiques…
Les dés tintaient sur le tapis,
Se cognaient aux verres de baby ;
Glaçons dansant dans le whisky,
Dans la chaleur et dans le bruit…
Trois heures au troquet à tuer,
Tout ce qui rappelait la journée.
A s'imaginer retraité
Sur une plage aux vents salés…
T'en souviens-tu dis moi, papa ?
Ils sont en moi ces moments là…
C'est à cause d'eux que j'aime l'odeur du bitume chaud, du diesel, de la peinture et du bois coupé. C'est dans tous ces visages, ces bruits, ces voix, que j'ai grandit avec toi. Toi et moi dans ton univers. Tes grosses mains sur le grand volant, j'ai regretté souvent de n'être qu'une fille…