Le blues du vampire
Le Blues du vampire
Plus d’odeurs que celles de la peur,
Plus de lumières que celles de ma fureur.
Plus de bruits que ceux de leurs cœurs
Et de leur sang qui pulse à l’intérieur…
Plus de promenades romantiques,
Plus que ces baisers fatidiques.
Plus d’étreintes douces, fugaces…
Plus que ces étranglements voraces.
Plus jamais la pantomime de l’amour,
Plus que la morsure sans longs discours.
Et l’ombre du pieu, de la croix
Pour toute cause de l’effroi.
A quoi me sert d’être immortelle ?
D’être fatale ou d’être belle ?
Mon purgatoire est labyrinthe,
Et ma solitude n’est guère feinte…
Je suis ombre parmi les ombres,
Cauchemar parmi les cauchemars.
Une rose noire sans pétales
Griffée aux épines du mal.
Et si vivre c’est avancer,
Je devance l’éternité.
Mes souvenirs peu à peu effacés
Auront raison de mon humanité.
Pourtant j’ai été fille, j’ai été femme
Déflorée, mariée remplie de flamme !
Et tout s’efface dans un baiser
Celui qu’un vampire m’a donné…
Et depuis le soleil m’a renié
De lui, je dois tout redouter.
Ma peau s’est faite froide, grise.
Seuls mes yeux vivent, leur feu s’attise
Au détour d’une gorge brûlante,
Aux contours d’une nuque charmante…
Et ma salive de reptile maudit
Baigne mes crocs, me rend la vie.
Pour un bien court moment du moins,
Le temps d’aller un peu plus loin.
Rechercher et chasser et charmer et séduire
Poursuivre sans relâche, ma tâche de vampire.
2006