Le reflet du cyclope
Le reflet du cyclope
J’écris à cru.
Sans sel,
A même la chair.
Et je regarde le monde sans paupières.
L’orbite à vif,
La pupille vitreuse, vitrifiée par le temps.
Regard miroir fixe et nu, je vois…
Et l’univers me ressemble,
Il ne cligne pas des yeux.
Il ondule sans fin, sans rives…
Rien n’arrête ses vagues linéaires ;
Il absorbe les signes que je lui abandonne,
Et il les pulvérise.
Myriades d’atomes muets qui amplifient son silence monstrueux.
Alors j’écris.
Je rumine mes entrailles d’amertume,
Je récite les entailles du passé,
Je me les grave sur la peau…
A coup de crocs.
Les deux pieds dans le béton armé du quotidien,
Juste avant le grand plongeon,
J’écris.
La machine ronronne,
J’ai encore quelque chose à en dire…
Quelque chose d’informulable peut-être,
Mais ça viendra avec le temps.
Celui dont je renvoie une image difforme
Du fond des yeux.