Que ce monde me pardonne
Que ce monde me pardonne
Je suis l’oiseau de nuit qui ne sait pas chanter.
Pardonnez mon langage enrubanné de satin noir,
Je le châtierai bien pour vous plaire,
S’il ne me tenait enchaînée par les veines à ce monde…
Le vrai, le cru qui pue la violence et la médiocrité.
Je n’ai pas de haine, pas de colère,
Mais pas d’amour non plus pour ce monde-là.
Je le prends tel qu’il est sans en avoir fait le choix.
Mais je ne le haïs pas car la haine me fait peur.
La mienne surtout, avec son arrière-goût de crime…
Alors si je ne sais pas parler dentelles blanches et fleurs d’azur,
Permettez-moi de dévider le fil de mon mépris sous vos yeux attristés.
C’est ainsi que je garde mon âme au frais.
Pendant que je me carbonise le cœur aux soleils factices des hommes...
Je chausse mes bottes de marbre,
Empoigne ma plume rongée par le fiel de mes pensées ;
Et je couche mes déceptions et mes jugements sans appel sur des pages de lumières.
Ainsi soit-il, l’auteur… Ainsi soit ma peine en capitales.
Mon destin minuscule.