Dernière lueur avant l'oubli
Dernière lueur avant l’oubli.
Pas encore froid
Ce corps…
Le mien.
Tiède comme au petit matin,
Au sortir des nuits sans heurts.
Ces nuits sans sueur, sans rêves.
Sans chahut organique,
Orgasmique.
Ces chapes de sommeil où l’on s’oublie…
Où l’on meurt,
Pour un temps.
La terre est froide, elle.
Granuleuse,
Collante,
Envahissante.
Et ce bruit indécent
Cette pelle qui creuse ma tombe.
Ce crépitement du sol
Sous mon corps que l’on traîne ;
Et cet affaissement sourd,
Cette issue devinée.
Une main sale et tremblante se tend vers mon visage.
Du bout des doigts écarte une mèche,
Esquisse une caresse…
Puis retourne au labeur de l’assassin en fuite.
La pelle remblaye, recouvre, efface…
J’ignorais qu’une nuit
Sans lune ni étoile,
Puisse être si lumineuse
Avant d’avoir connu
Celle de l’oubli.