Give me a reason to love you

Il y a une basse qui suinte dans ce couloir…

J'ondule, bancale, un doigt trace ma route le long du mur. Cet ongle rouge gratte la moquette pourrie, saphir en travers des sillons. Le balatum noir finit de mourir sous mes talons aiguilles ferrés, sans bruit, sans cri. C'est un violon qui pleure là-bas ou ma raison qui raye les secondes ? J'avance encore, au rythme du ressac alcoolisé de mes veines…C'est quoi un verre de trop dans une vie ? Celui qui tranche le poignet, peut-être. Sur le pas de la porte, ça sent le tabac froid et l'ennui. Je le vois lui, debout devant le juke box qui libère en vibrant son quota de décibels. Et cette fille qui chante, pleure un blues que je ne veux pas comprendre. Une mèche noire se jette devant mes yeux quand je traverse la piste sale ; peut-être pour cacher mon regard éteint, peut-être pour me montrer vers où je vais. Là, en bas, le sol brillant du sucre et des cendres de la nuit. Une nuit glauque, collante sous mes pas. D'autres ont vomi leur solitude ici. Pas moi. Je la traîne comme un chien mort au bout de sa laisse…Certains ont agité leur mal de vivre ici, oriflamme anémique, sémaphore pathétique. À se dire parfois que ça doit faire du bien de mal finir. À se chercher dans les pupilles troubles qui gravitent tout autour, aveugles…Avoir mal plutôt que ne rien avoir du tout. Société de consommation du sentiment qui échange les rêves au prix du cancer. J'ai tout soldé. Pour ça, le regard mâle qui m'effleure l'âme. La bouche lisse qui oublie une pensée sur la mienne. Et la voix usée qui souffle : « T'as l'air fatiguée ma puce… Allez on va dormir ». Dormir, ouais, dormir…

 

 

 

 

 

 

Portishead



31/03/2008
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