La ville et moi

La ville et moi

 

 

Se laisser envahir par la musique de la ville ;

Aller boire le carbone des gaz aux lèvres du bitume…

Et se pendre au cou des boulevards en costumes gris.

Leur raconter mes balades en solitaire au long de leurs artères.

Leur chuchoter le flot de mes pensées divergentes, divagantes…

Et leur dire, vaguement, qu’on n’échappe pas aux multitudes.

Leur faire l’exposé fébrile des causes excusables de mon addiction

Au béton.

 

Mes regards plexiglas se brouillent au petit jour.

Les IPN de mon squelette ploient sous la chair…

Et mes fondations sans fondements s’enlisent sous les conseils…

Alors je m’injecte à la cité,

Transfusion d’inepties qui palpitent sous le coton,

Que l’unité réchauffe,

Que le ciment coagule…

Je retourne aux seins de plâtre de ma mère,

A ses pupilles néons,

A ses enlacements suburbains où je trace

Les lignes de ma vie jusqu’au point mort…

Je me parfume aux relents plastifiés des marchés couverts ;

Entre deux soleils nocturnes, je disparais…

Avalée par la nuit métallique,

L’asexuée qui trimballe ses rivières de lumières,

Ses breloques scintillantes, ses solitaires au sodium…

L’escort girl des errances nyctalopes fait dans le clinquant ce soir.

Je remise mes angoisses chez cette vieille pute aux sourires coulissants ;

Et je retourne vers l’autre,

En ver qui anime sa carcasse méprisante…

La madone aux passages protégés grouille de mille vies mortifères.

Notre sainte mère la vile.



31/03/2008
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