Le carnet
Au fond d’un tiroir sans serrure
Repose un carnet aux spirales abîmées.
Sa couverture fut blanche un jour,
Ses secrets cadenassés…
Parfois entre les mots des images grimaçaient ;
Et quelques fleurs séchées jouaient les égyptiennes.
Depuis la première ligne jusqu’au dernier des points,
Un ballet chaotique de signes bariolés
Raconte sans pudeur le départ funambule
D’un fillette éphémère aux ailes atrophiées.
Il y a en ces dessins la petite mort du prince
Et déjà les parfums des mots couleur désir…
Derrière le grotesque d’apostrophes outranciers
Et les rondeurs énormes de virgules déportées,
L’on devine le germe de la féminité…
Là, cette femelle intime qui déchiffre les codes
Se souvient de la danse d’une plume ensorcelée
Qui remplissait les vides et les pages du carnet…