Le Monstre
Je suis une bête de cauchemar.
Monstre difforme au crâne d’airain.
Mon corps est lourd, mes muscles denses,
Une peau de pierre habille ma rage.
Tout le sol tremble quand je m’avance,
Plantant mes griffes à chaque pas
Qui me rapproche de l’impossible.
Des cornes d’obsidienne pour éventrer les cieux,
Un goût d’apocalypse à l’écume de ma bouche,
Je flaire la peur qui vous échappe,
Je suis la bête, le chien de nuit.
L’éternité m’a enfermé dans une gangue d’humanité,
Mais je suis là en transparence,
Dans chaque geste de douleur,
Dans chaque empreinte de la souffrance.
Mes cris intimes ne résonnent qu’aux tympans des silencieux.
Ceux qui avancent dans la tourmente,
Sous la mitraille des circonstances.
Et dans leurs yeux plantés au ventre du destin,
C’est mon regard qui brûle et consume la raison.
Je suis le monstre,
Je suis l’espoir.