Née d'Hiver
Née d’Hiver
Je suis née sous les fougères d’une forêt de pluie.
Et au sortir de ma coquille, l’hiver m’a emportée.
Enveloppée, emmaillotée de tendre givre,
Ses baisers poudreux couronnaient mon front d’enfant perdu…
Dans l’argent de ses prunelles se reflétaient tous mes sourires ;
Je grandissais en lui, debout sur le fil des autres saisons.
Dans l’espoir de ses regards immobiles, de son souffle palpable…
Pieds nus sur les étangs gelés, je marchais sur ses traces…
Il ornait mes cheveux de fractales éphémères,
Déposés ça et là au hasard de l’instant…
Sous ses caresses figées ma peau réanimée
Lui rappelait l’essence –pulsation- qui nous séparait.
Effrontément,
Obstinément,
Douloureusement.
Alors,
Chaque nouvelle année, le printemps qui renaît,
Laisse germer en moi les prémisses de l’attente…
Puisque née sans raison ni désir,
Couvée sous l’aile des frimas,
J’ai grandi en hiver,
Stalactite de glace au coeur de feu follet…
Je suis parmi les hommes,
Hors saison.