Une époque
Une époque
Elle courait après le bus cette fille-là
Elle ne sortait jamais sans son perfecto et ses docs
Elle teignait ses cheveux en rouge rubis
Elle se déchirait les tympans à coup de mano, de béru
Et elle les rejoignait dans les bars
Les fantômes d'extrême gauche
Ceux qui ont crashé leur souffle sur le zinc
Ceux qui ont fini par sniffer les zébras
Au bout de la ligne blanche
La ligne qui se dit « continue !»
Vorace…
Ceux-là, elle s'en souvient avec mélancolie
Et sourire en coin
Mourir jeune c'est romantique
Entre deux semi-remorques, ça l'est moins déjà
Enroulé autour d'un feu rouge ou d'un platane
Ce n'est pas glamour
Et un coup de surin dans un troquet
C'est carrément moche
L'acné dans les mégots
Pour un mot de trop
Les autres, ceux qui ne sont pas tout morts,
Elle oublie de s'en souvenir.
Lâcheté tenace
Qui grandit avec l'âge
Son regard s'effrite sur les roues du fauteuil
Sur les guiboles malingres
Vidées de leur jeunesse
Sa bouche est sèche
Sur la joue du cul-de-jatte
Lui, le play-boy, le beau gosse
Lui, l'amputé, le demi vieux
Faut l'oublier ma fille
Le temps des crêtes est passé
La pseudo révolte, envolée
Regarde-toi dans leurs yeux
Ceux de ces minots gothiques
Ça te rappelle rien ?
Si, mon âge.
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