La paix !

La paix ! (brut de décoffrage)

 

 

Ce que je fais dans la vie ?

Est-ce que je t’en pose des questions moi ?

Quoi ? Tu t’es senti agressé par ma réponse ?

Il ne t’est pas venu à l’idée que je n’avais pas envie de te parler ?

Si je ne souris pas, si je ne te regarde pas, ça veut dire quoi, d’après toi ?

Retourne à tes lumières de jardins anglais, oublie-moi s’il te plaît. Je veux juste rester là, tranquille, stoïque, sans sentiments. Sans avis sur les choses, sans pensée positive. Apparemment tu ne comprends pas, et tu reviens aussitôt à la charge.  Tu penses me donner de la chaleur  ou de la compassion ? Je n’en veux pas, tu es con ou tu es con ? J’ai juste envie d’une parenthèse, d’une longue stase. Mais tu ne connais pas ça, toi, tu papillonnes en cherchant à alléger ton karma. Je n’en veux pas de ta sympathie, je n’ai pas envie de te connaître. Ce que je sais de toi me suffit déjà. Je suis sûre que tu as peur des araignées, des serpents, des rats… Tu as peur de la vie, quoi. La trouille d’être seule parmi les gens, isolée du mouvement. Moi je suis bien dans ce rôle, comme la lampe dans un coin du salon. Je ne demande rien a personne, je ne veux rien savoir des autres. Détourne ton regard, essaye le gars en noir là-bas. C’est un bien beau gaillard, costaud, souriant et hyper sociable visiblement. Regarde, il parle avec tout le monde, il danse, il boit. C’est ce type-là qu’il te faut, un vrai soleil de crémaillères, tout en chaleur et en fantaisies. Si je le connais ? Oui… Enfin non, je ne sais plus. J’ai cru le connaître. C’est sûrement ça… Comme toi, je pensais dur comme fer que les mots que les autres nous livrent ne sont que vérités. Je pensais que les regards noirs et feux, les caresses et les promesses ne savaient pas mentir. Bref je me suis plantée, encore… Je me le suis planté lui, là, où ça palpite normalement. Maintenant ça bouge, machinalement. Ça fonctionne, c’est tout. Comme mes yeux,  mais sans mon cerveau. Mes pupilles se baladent, regardent ce qui se passe mais les images ne trouvent plus de sens sous mon crâne. Je le vois bien, Lui. Il vit, il rit haut et fort. Sa voix toujours claire, sans fausse note, sans désaccords. Sauf quand il me regarde, là ça déraille. C’est fugace, presque indécelable. Juste le temps que fait le malaise quand il traverse son esprit. Ce malaise, c’est moi. Mais je n’ai jamais vu la couleur de son esprit. Il m’en a défendu le libre accès. Je l’ai traversé les yeux bandés. J’étais là mais aveugle, comment j’aurais pu déceler la profondeur du vide ? Et son cœur… Celui là, je ne sais pas, c’est peut-être un mythe. Le mien, il y a longtemps que je n’en ai plus de nouvelles. Je l’ai donné, il n’est jamais revenu. Et le sien, il ne m’a jamais parlé, je ne saurais pas le reconnaître. Même son corps m’a mentit en fait. Et j’ai tout cru, tout pris. Lui, il ne donnait rien, il prenait tout. Sa chaleur, ses élans, sa tendresse… Tout était rétractable. Le parfum de sa peau comme seule preuve de nos rencontres. Ce parfum-là ne pouvait pas mentir. Sa peau, oui. Elle, elle m’a aimé. Et je l’ai adorée, je l’aime encore, sûrement… Maintenant j’en suis privée. La mienne ne me sert pas à grand-chose, juste à me traîner encore à côté de lui partout où il a envie d’aller. Jusqu’au terminus. Là où il prendra un autre train que le mien. En attendant le moment où je le regarderai partir de mon quai de solitude, laisse-moi en paix… Laisse-moi le regarder, le déranger par ma présence, le pousser au-delà de sa tolérance. Colère et désespoir, un cocktail bien chargé où je jette toute la glace de ma résignation. Je suis trop lâche pour le quitter et trop conne pour ne plus rien espérer. Tu vois, pas besoin d’en discuter, je le sais. S’il te plaît, laisse-moi en paix…

 

 

 

30.04.06



31/03/2008
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